Carte blanche à la Maison des Livreurs

Dans le cadre des réflexions sur l’amélioration et la sécurisation de la mobilité en ville, il est aujourd’hui essentiel de prendre en compte l’activité quotidienne de milliers de livreurs à deux roues. En situation précaire et soumis aux injonctions déraisonnables d’une plateforme numérique (notamment Uber, Deliveroo et Stuart), ces travailleurs sont poussés à prendre des risques sur la route avec des conséquences pour eux et autrui.

En l’absence d’abri, ils attendent en rue exposés aux intempéries. En l’absence de lieu de repos, ils se déplacent épuisés dans la ville jusqu’à 14h par jour tous les jours. En l’absence de lieu de maintenance, ils peinent à entretenir convenablement leur véhicule. Affublés d’un lourd sac à dos et d’une veste fluo, ils sont aujourd’hui près de 10 000 à parcourir au quotidien la métropole bordelaise (données Insee). À toute heure, ils multiplient les trajets et allers-retours afin de livrer repas, colis et courses de supermarchés. Rémunérés uniquement à la tâche, parfois rémunérés moins de 40 centimes par kilomètre parcouru, les livreurs des plateformes numériques sont dans une situation instable et fragile.

L’association La Maison des Livreurs gère un lieu de pause et de solidarité au 14 rue du Fort Louis à Bordeaux, près de la place André Meunier, afin de venir en aide à ces travailleurs. Ce sont essentiellement des personnes d’origine étrangère et des jeunes résidents des Quartiers Prioritaires de la Ville. Ils cumulent souvent les freins à l’emploi, ne parviennent pas à accéder à un emploi stable et s’orientent donc vers cette activité de livraison par contrainte économique et non par choix.

Aujourd’hui, en s’appuyant sur son expérience de terrain au quotidien avec les premiers concernés, l’équipe de l’association La Maison des Livreurs partage des recommandations concrètes :

Des villes françaises ont fait le choix d’interdire les regroupements de ces travailleurs en les sanctionnant systématiquement dans l’espoir de les « gommer » de l’espace public. Nous ne recommandons pas cette voie qui est une impasse et contre productive. En effet, ce choix ne fait qu’aggraver l’isolement et la précarité, et provoquer des pratiques à risque d’évitement des forces de l’ordre.

Nous recommandons d’intégrer les travailleurs des plateformes aux groupes de travail sur l’amélioration et la sécurisation de la mobilité à deux roues sur la métropole bordelaise.

Nous recommandons aux collectivités et acteurs de la mobilité sur la métropole bordelaise de prendre connaissance des préconisations du rapport « L’Uberisation dans la ville » réalisé dans le cadre d’une mission d’information et d’évaluation du Conseil de la ville de Paris , notamment la promotion de modèles alternatifs de type coopérative et la contribution des plateformes numériques telles Uber et Deliveroo à la compensation de leurs externalités négatives.